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177 Les rendez-vous

En ces temps de crise sanitaire, les retrouvailles d'amoureux se compliquent parfois, comme celles de Joy et Pat, un couple très amoureux et plutôt clandestin... Voici un texte extrait de mon livre "ZigZag Café" qui décrit les sentiments intenses éprouvés au cours de ces rendez-vous toujours trop courts et pourtant merveilleux...

C'est aussi l'occasion de re-lire ce livre érotique et amusant, à déguster seul-e ou à deux, sous la couette ou près du feu, pendant ce dimanche soir passé à la maison pour cause de confinement...

Je pense que la compagnie de livres est indispensable pour nous aider à conserver notre liberté de penser, et surtout de livres érotiques pour conserver notre liberté sexuelle, sensuelle, et personnelle !


RENDEZ-VOUS

" L’attente était le piment et le tourment de leur relation clandestine. Quand ils se voyaient lors de leurs rendez-vous, ils faisaient l’amour passionnément, intensément. Ils jouissaient en de longs cris de bonheur, les mains accrochées entre elles ou aux draps, ou aux barreaux du lit, ou à la table, au fauteuil, au mélangeur de la douche, de la baignoire… Ils avaient fait l’amour partout, même au coin d’une porte ou d’une embrasure, d’un mur ou d’un arbre, ils s’aimaient, ils étaient enragés l’un de l’autre, ils se dévoraient, se mélangeaient, se fusionnaient, s’imbriquaient, se mélangeaient…

Puis se séparaient… Puis venait l’attente… Ils s’écrivaient des mails, des SMS, se faisaient des poèmes et des mots d’amour, leur créativité explosait, ils attendaient… Comme les prisonniers enfermés, ils trouvèrent des stratégies… Pour contenir leur impatience, ils comptaient les jours… Elle trouva qu’elle aimait mieux les nombres faits d’un seul chiffre, plus que 9, 8, 7, 6, 5, 4, 3, 2,1 jours… Le 1 étant son préféré bien sûr… Il remarqua qu’attendre était plus facile dès qu’il n’y avait plus qu’un jour de chaque avant le Rendez-vous attendu… Plus de lundi jusqu’à samedi, plus de mardi… Ils se téléphonaient parfois, mais cela attisait la difficulté de l’attente pour se rencontrer…

L’attente attisait le Désir… et les Rêves… et le Manque… Ils étaient comme des drogués en manque de leur dope… Leur corps tremblait parfois tout seul de manque, d’envie de l’étreindre, de sentir sa bouche, son souffle, ses mains, son corps, son odeur, de voir ses yeux, sa bouche, de toucher et d’étreindre, d’embrasser et de cajoler, de lécher et de mordre, de faire l’amour, de jouir de crier de plaisir… Comme des drogués qui trouvent enfin la dose de leur obsession, quand le Rendez-Vous avait lieu, quand enfin ils se retrouvaient, ils se jetaient pratiquement l’un dans l’autre, collés, serrés, et ne se lâchaient plus… et faisaient l’amour jusqu’à l’heure de se séparer…

Les Rêves les réunissaient la nuit… Ils se donnaient Rendez-vous dans les étoiles, se retrouvant là-haut où ils pouvaient vivre leur amour pleinement… Ils devinaient quand l’autre était triste ou heureux, sentant son humeur par-delà le Réel… Et les Désirs… étaient attisés par l’attente du Rendez-Vous à venir… Ils imaginaient leur rencontre, ressentaient le plaisir à venir, leur corps se souvenait et tremblait d’anticipation…

Aujourd’hui, ils avaient à nouveau Rendez-Vous… Ils avaient compté les jours, heures, et minutes, elle se préparait, s’habillant avec soin, avec excitation, avec bonheur… choisissant ses vêtements en fonction de son premier regard… Il se douchait et s’habillait, plein d’anticipation et de désirs.

À quoi bon, ils se dépêcheraient d’enlever si vite ces obstacles entre leurs deux corps assoiffés de contact de l’autre, mais c’était aussi une façon de se préparer à la rencontre, de jouir de l’attente…

Ils se rencontrèrent à l’heure dite, à l’endroit convenu… Au coin de la rue de Mars et Jupiter, Ils s’embrassèrent sans attendre, perdus dans les bras l’un de l’autre, assoiffés, affamés, ivres et hallucinés… Sans souci du regard des passants, ils s’étreignaient en craignant déjà la séparation… Elle tenait sa veste peut-être pour qu’il ne parte pas, il lui tenait la tête pour qu’elle ne s’éloigne pas… Ils gémissaient langues entremêlées, leurs corps vibrant de partout…

Ils pénétrèrent dans cette chambre d’amour, se dévêtirent comme on se libère, se mangeant l’un l’autre, les corps parcourus de spasmes et de frissons, les mains électriques, les bouches fébriles, son sexe tendu et raidi, sa fleur trempée et ouverte… Ils s’unirent comme lorsqu’un tout se reconstitue, les morceaux parfaitement assemblés, pieds entrelacés, sexes intimement mélangés, bouche en bouche, langues nouées… Les va-et-vient ancestraux inscrits en leur corps depuis les derniers plaisirs commençaient, les emmenant toujours un peu plus loin dans l’ellipse des jouissances…

Ils burent à leurs sexes de liqueur ruisselants, mangèrent à leur peau le sel et le miel, léchèrent à leur bouche la salive et les mots d’amour, se caressèrent de leurs mains et se mordirent à leurs lèvres… Ils n’étaient plus que des êtres d’animalité, perdus dans un délire de bonheur irréfléchi. Liberté d’être soi, amour de jouir, jouir d’amour, mourir et renaître, naître et mourir de petites morts qui les laissaient ahuris et pantelants, abasourdis et heureux…

Puis c’était l’heure de se séparer, de rentrer, de retourner à sa vie… Quelques larmes aux coins des yeux, ils se rhabillaient mécaniquement, contemplant avec étonnement la cassure de la magie qui les avait emportés… Ils ne retrouvaient plus leurs vêtements jetés aux quatre vents dans la pièce, les mettaient en se demandant pourquoi ils ne restaient pas nus simplement, essayant de garder une contenance devant la séparation à venir… ils devaient faire un effort pour se rappeler la Réalité qu’ils allaient rejoindre, ne savaient plus leur propre nom, encore moins celui de leur entourage ou de leur employeur… Leur esprit reprenait progressivement le contrôle, essayait de garder les émotions contenues en leur cœur… Il ne fallait pas pleurer, ne pas attrister l’autre…

Ils se disaient au revoir au fond d’un parking ou d’un hall de gare, elle lui tenait le coin de sa veste bien qu’il dût partir, il lui tenait la tête bien qu’elle dût s’en aller… Derniers baisers au goût d’adieux, salés et amers… Puis ils se quittaient rapidement, dans une impression d’inachevé et de plénitude, de bonheur et de nostalgie, comblés et vidés… Heureux et malheureux…

Maintenant ils attendraient le prochain Rendez-Vous, comptant les jours… Elle aimait mieux les nombres faits d’un seul chiffre, plus que 9, 8, 7, 6, 5, 4, 3,2, jours… Il aimait quand il ne restait plus qu’un jour de chaque… Plus de lundi jusqu’à samedi, plus de mardi…"



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